Au mois de mai, nous vous informions des discussions en cours sur le Cadre Financier Pluriannuel (CFP) 2028-2034 de l’Europe. Le 16 juillet 2025, la Commission européenne a présenté les premières orientations de son projet. Ce nouveau cadre budgétaire atteindrait près de 2000 milliards d’euros, témoignant de l’ambition renouvelée de l’Union européenne pour faire face aux transitions économiques, sociales, territoriales et environnementales à venir.
Parmi ces ressources, 865 milliards d’euros seraient consacrés à la mise en œuvre des Plans de Partenariat Nationaux et Régionaux (PNR), qui constituent une nouveauté proposée par la Commission européenne. Ces plans s’appuieraient sur la
création d’un fonds unique, le Fonds européen économique, territorial, social, rural et
maritime pour la prospérité et la sécurité durable. Ce nouveau fonds regrouperait
l’ensemble des grandes politiques territoriales de l’Union – à savoir la politique de
cohésion, la politique agricole commune (PAC), la politique de la pêche et des affaires
maritimes, ainsi que les volets sociaux – dans une logique intégrée et territorialisée.
Sur ces 865 milliards d’euros, 300 milliards seraient spécifiquement consacrés aux
enjeux agricoles aujourd’hui couverts par la PAC. Ce montant représente une diminution significative, de l’ordre de près de 30 % par rapport aux 387 milliards d’euros alloués à la PAC pour la période 2021 –2027. Cette baisse s’inscrit dans une refonte plus large de l’architecture budgétaire européenne : la Commission propose de réduire le nombre de programmes de plus de cinquante à douze. La PAC ne fait pas exception à cette restructuration : ses deux piliers – aides directes et développement rural – seraient
désormais intégrés au sein du nouveau fonds global.
Chaque État membre sera chargé d’élaborer un plan unique (PNR) regroupant
l’ensemble des priorités stratégiques des territoires et les modalités de mise en œuvre
des politiques territoriales financées par le nouveau Fonds. L’ampleur de la liberté laissée aux Etats membres dans la construction de leur PNR demeure inconnue à ce jour.
Le programme LEADER et le DLAL au sein de cette proposition
Dans sa proposition, la Commission européenne confirme la volonté de maintenir LEADER et le développement local mené par les acteurs locaux (DLAL) dans l’architecture budgétaire européenne post-2027. Ces dispositifs sont explicitement
mentionnés. Chaque État membre serait ainsi amené à intégrer le programme LEADER au sein de son Plan de Partenariat National et Régional (PNR), englobant l’ensemble de ces politiques.
Mais contrairement aux périodes 2014–2020 et 2021 –2027, où un pourcentage minimum du budget FEADER devait être alloué à LEADER, la proposition actuelle ne prévoit aucune obligation réglementaire pour les États membres d’inclure ce dispositif dans leur PNR. A ce jour, l’intégration de LEADER dans la future programmation revêt donc un caractère facultatif. Bien que la place de LEADER dans les documents préparatoires du CFP 2028 –2034 soit affirmée, son caractère optionnel fait peser un risque réel de désengagement progressif de certains États membres. En l’absence de contrainte réglementaire ou de ligne budgétaire dédiée, la continuité et l’ambition des stratégies locales de développement pourraient dépendre fortement de la volonté politique nationale.
L’enjeu est donc de travailler étroitement avec les États membres pour garantir le maintien et le renforcement de LEADER dans les futurs PNR, ainsi que pour faire valoir la plus-value de l’approche ascendante dans la réponse aux défis ruraux, côtiers et territoriaux.
LEADER France et les GAL se mobilisent pour construire un plaidoyer pour garantir la place et l’ambition du développement local dans les futurs Plans de Partenariat Nationaux et Régionaux (PNR).
En premier lieu, il est impératif que LEADER soit explicitement intégré dans chaque plan national, avec une reconnaissance de leur rôle structurant dans le développement des territoires ruraux.
De plus, il convient de préserver l’identité du programme LEADER comme outil transversal, participatif et multisectoriel, au-delà de la seule sphère agricole. Le recentrage proposé dans la PAC sur la seule diversification agricole est réducteur et incompatible avec l’approche globale portée par LEADER. Par ailleurs, l’absence de quotas budgétaires dédiés au développement rural et à LEADER constitue un recul préoccupant. Un financement fléché, renforcé et protégé, y compris face aux dispositifs de flexibilité de crise, est indispensable pour assurer leur pérennité.
Enfin, le plaidoyer doit porter sur la simplification des procédures, la reconnaissance de l’autonomie des GAL et la prise en compte des spécificités du portage local dans les modalités de financement. Face aux grands défis européens – sécurité alimentaire, transition énergétique, cohésion territoriale – LEADER doit être considéré comme un outil stratégique, capable d’apporter des réponses locales intégrées et innovantes.